SAULCES-MONCLIN

Au tournant du siècle

Présentation

Ce village est constitué de trois lieux réunis sous Louis-Philippe : la Vieille Ville, Monclin, Saulces-aux-Bois ; la première mention officielle de cette union date de 1829.

 

Autour de l’église Saint-Nicolas, les maisons sont bien groupées, par contre le long de la route nationale, l’habitat est plus dispersé. L’ouverture de l’autoroute A34 a rendu un peu de calme au village et a favorisé la construction de pavillons à la périphérie du village.

Les réaménagements fonciers ont transformé le paysage : bocager autrefois, avec de petites parcelles entourées de haies, il est maintenant le témoin de l’avancée des grandes cultures champenoises. Les pâturages cèdent de plus en plus la place à des cultures céréalières.

La richesse en sources est indirectement à l’origine du nom du village : en effet, Saulces viendrait de Salix, saule, espèce qui aime les sols humides… A proximité de Saulces aux Tournelles, on trouve la Fontaine du Bouillon, la Source de la Couleuvre, deux sources près du Bois de Belinval. A l’est et au cœur de Saulces-Monclin, des sources sont présentes. Le village est traversé par le ruisseau de Saulces qui naît au sud de Faissault, se jette dans l’Aisne en amont de Rethel. D’une longueur de 29,5 km, son cours a été localement modifié pour y construire des moulins : Saulces-aux-bois, Auboncourt, Faux, Sorcy , Amagne, Coucy (d’après la carte de Cassini vers 1750).

Géologie et engrais... : Les moulins à coquins de la région de Saulces-Monclin

Dans la deuxième moitié du 19ème siècle, la mise en valeur des terres agricoles est en pleine mutation. Avec l’arrivée du chemin de fer, les engrais font leur apparition. En 1842, on découvre l’intérêt des nodules de phosphate de chaux, qui se trouvent dans le crétacé supérieur, dans des sables verts qui affleurent sur une bande étroite de 200 km, de Novion-Porcien à Saint-Florentin dans l’Yonne. Ces rognons, gris ou verdâtres, sont appelés coquins ou crottes du diable (on trouve aussi coprolithes).

 

Un pharmacien de Grandpré, M. Desailly, se lance dans l’exploitation de ces coquins d’abord dans la Meuse, puis dans la région de Novy, Novion, Sorcy, avec au centre de ce triangle, Saulces-Monclin.

 

Des moulins à farine sont transformés en moulins à coquins : Sorcy et Novion en 1865, Auboncourt (Wasselin) en 1880 et Wignicourt (Neufmoulin)

 

A la gare de Saulces-Monclin se crée un établissement Fabrique d’engrais supérieurs des Ardennes. Les premiers utilisateurs de ces engrais sont les paysans bretons, les résultats étant meilleurs sur les terrains granitiques.

On exploite ces nodules à ciel ouvert, puis on creuse des fosses. On fait venir du Nord des spécialistes des techniques minières qu’on appelle des chats noirs. Au début du 20ème siècle, plusieurs exploitations de coquins emploient une douzaine de personnes dans la région de Corny. En 1933, les chantiers sont envahis par les eaux, l’exploitation cesse définitivement. Les phosphates algériens arrivent au début du 20ème, dès lors l’exploitation de coquins n’est plus rentable. (D'après article de François Guérin publié par Escapades O8)

Les guerres

Le monument aux morts, dans le cimetière près de la chapelle, initialement à la mémoire des soldats de 1870, porte les noms des enfants morts en 14/18 et des 12 habitants fusillés par les Allemands en 14/18. Les combats entre l’armée allemande et une division marocaine ont été violents. Le 30 août 1914, l’église est incendiée ainsi que 87 maisons au centre du village.  Les Allemands sèment la terreur chez les civils pour obliger la France à une capitulation rapide.

La commune a reçu la Croix de Guerre avec palme. Au bas de la colonne de droite portant le nom des victimes civiles, on trouve la palme. Au bas de la colonne de gauche, celle portant le nom des victimes militaires, on trouve la croix de guerre.

Marcel Marenco, économe du Lycée Chanzy à Charleville, relate dans son journal, le 6 septembre 1914, le désastre de Saulces-Monclin : de Rethel à Saulces-Monclin, la route est parsemée de cadavres d'hommes et de chevaux, jonchée d'armes, de sacs, de vêtements, de véhicules de toute espèce, disloqués, brûlés, de munitions abandonnées. On s'est battu le dimanche précédent et les cadavres sont encore là. L'air est irrespirable dans cette traversée. Les portes et les fenêtres des maisons dans les villages que je traverse sont enfoncées. Les Allemands ont fait ripaille partout, les tables et le sol sont encombrés de bouteilles vides. Ils ont tout pillé, tout saccagé, on aperçoit couramment la literie au milieu de la cour, le piano sur la route, les chaises et les fauteuils dans les champs. Le feu a été mis à bon nombre de maison en particulier à Saulces-Monclin où l'église et la mairie n'existent plus. Avant Saulces-Monclin, j'aperçois dans un champ des montagnes d'obus tirés et non tirés, plusieurs caissons abandonnés, chevaux et conducteurs tués sont à côté. Je ramasse quelques douilles vides. Lorsque je traverse le village, un poste allemand m'arrête et me les prend. A la sortie de Saulces, dans un verger, à 10 mètres de la route, un paysan est attaché à un arbre. Je m'approche, il est criblé de balles. Les Allemands ont parait-il fusillé une douzaine d'habitants de ce village. (Journal en ligne sur Internet http://www.cenelle.fr/charleville/01-charleville.html)