Activités industrielles

Les moines et l'industrie

Dès le XIIème siècle, les moines de Signy ont mis en valeur un site hydrologique complexe réutilisé, après la vente des biens nationaux, par de nombreux entrepreneurs qui développent notamment des filatures de laine.

Moulins à farine et usines textiles se servent du courant de la Vaux, aménagée au Moyen-Age par les moines.

Trois principaux espaces industriels vont se développer dans le bourg :

* Filature Berthélémy (actuellement site de l’usine SOCOTEP)

* Filature Texier en 1809, puis Noblet (sur l’emplacement de l’actuelle salle des fêtes)

* Filature Gouge-Grenier en 1827, reprise par Lambert en 1836 (Place de la Digue).

 Ces filatures sont considérées comme l’avancée la plus septentrionale du textile rémois.

La seconde moitié du XIXème siècle verra la naissance de deux autres sites :

* Leblanc-Boucher (sur le site de l’abbaye. La salle Guillaume de Saint-Thierry en est un vestige.)

* Mongeot (site du Pré l’Abbé, seul site encore debout, remarquable avec sa haute cheminée de briques.)
Ces filatures produisaient du fil de laine, mais ne le transformaient pas. A l’origine, les laines venaient de France, de Champagne notamment. Après 1850, elles étaient importées d’Australie, de Nouvelle-Zélande, d’Argentine et d’Uruguay.

Incidence de l'activité industrielle sur la population

L’essor industriel entraîne à partir du début du XIXème siècle une forte augmentation de la population : de 1762 habitants en 1773, le bourg en compte 3205 en 1846. C’est l’apogée. A la fin du XIXème, on en dénombre encore un peu plus de 2580. Le déclin des filatures familiales locales au profit des grandes filatures du Nord va entrainer une baisse rapide de la population : en 1936, il reste 1705 habitants, et à la fin du XXème siècle, 1457.

Les foires étaient au nombre de 4 en 1854 et de 6 en 1909.

Évolution des sites industriels

* Des filatures Texier-Noblet et Gouge-Grenier-Lambert, il ne reste rien.

* De la filature Leblanc-Boucher, il subsiste deux travées actuellement salle Guillaume de Saint-Thierry utilisée par l’Association des Amis de l’Abbaye ainsi que le logement du contremaître à l’entrée du site.

* de la filature BERTHELEMY :

Dans l'enclos monastique, sur la rayère (dérivation de la Vaux), un moulin à grain fonctionne du temps des moines. Au XIXème, il est remplacé par une filature de laine, aux mains de la famille Berthélémy.

En 1920, la société Saucourt-Harmel reprend le site, l’abandonne en tant que filature, l’industrie drapière étant en déclin, pour y installer une bonneterie, connue sous le nom de Bonneterie S. T. A. (Société du Tricotage de l’Abbaye). On y fabrique alors des bas de coton commercialisés sous la marque « Bas de l’Abbaye », puis des bas de rayonne.

En 1924, elle emploie 80 personnes.

Avant la Seconde Guerre Mondiale, 125 personnes fabriquent les « Bas de l’A.B.I. » à Signy, mais teinture, finition et commercialisation se font à Troyes.

Après la guerre, l’activité a du mal à reprendre, ses locaux ayant beaucoup souffert de l’occupation. L’entreprise se lance dans la fabrication du bas nylon. La fabrication continue uniquement dans les locaux plus récents (l’actuelle Socotep).

Les bâtiments plus anciens de la filature Berthélémy sont cédés à la commune, ainsi que la maison des patrons, pour y faire le cours complémentaire qui deviendra le collège ensuite.


SOCOTEP


La bonneterie fermera définitivement en novembre 1962.

Restent les ateliers métalliques annexes occupés pas la SOCOTEP, usine de plasturgie, qui emploie actuellement une trentaine de salariés.

* de la filature MONGEOT

Quelques dates pour mesurer l’évolution d’un site  qui a connu bien des péripéties :

- 1870-1913 : filature Mongeot

- Pendant la 1ère Guerre Mondiale, le site, devenu scierie, héberge un camp de prisonniers roumains en 1916. « Leur état de misère physiologique les condamnait pratiquement à mort. (…) Pour mettre fin à leurs douleurs, ils avalaient des boules de sciure enduites de graisse à machine. »
Des travailleurs civils, on devrait plutôt parler de prisonniers, leur succèdent, puis en mai 1917, ils sont remplacés par 150 prisonniers de guerre français pris sur le front de Champagne.
Les conditions de vie sont inhumaines. « Tous les prisonniers disent regretter la vie de tranchée, ils pensent qu’ils seraient mieux en Allemagne où les camps organisés et visités par la Croix-Rouge fournissent colis, correspondance et marraine de guerre. »
(Extrait de « Les Ardennes durant la Grande guerre 1914-1918 ». Archives Départementales des Ardennes).

- 1930-1946 : saboterie Pommelet.

- 1946-1951 : Scierie Masson.




Bâtiment de la scierie

(État actuel)

Et enfin, l’aventure internationale avec la marque Donnay.

- De 1952 à 1990 : Donnay puis Donnay 3set

1952 : implantation d’une filiale des usines du Liénaux à Couvin (Belgique) spécialisée à l’origine dans les manches d’outils et qui s’oriente ensuite vers les articles de sport (Société Donnay). La production locale de bois, frênes notamment, est intéressante pour la fabrication de skis.

En 1971, le site emploie alors 130 salariés. La production prévisionnelle est de 50 000 paires de skis et 10 000 tables de ping-pong.

En 1973, début des difficultés entrainant des licenciements : la raquette de tennis remplace le ski, puis la fibre de verre, le bois.

Entre 1977 et 1983, Donnay est le plus important fabricant de raquettes de tennis au monde. Cette marque équipe les grands noms du tennis, dont Borg, Agassi.

En 1983, on produit 32 000 tables de ping-pong.

En 1985 : fin de la production des manches d’outils. En mai, licenciement de 36 salariés sur 147.

En 1987 : 800 000 raquettes sont vendues en France et dans le monde.

Septembre 1988 : dépôt de bilan. Le site de Signy n’a plus que 32 salariés, celui de Couvin est préservé avec 349 employés.

Le groupe Tapie reprend les deux sites. Le 9 mai 1990, les 29 salariés trouvent l’usine fermée.

La commune acquiert le site.

La société Tratub de Lalobbe va continuer pour son compte la fabrication de tables de ping-pong jusqu’en 1992.



D'autres entreprises, locataires de la commune, s'établiront avec plus ou moins de succès sur le site.

La commune y a ses garages municipaux, la caserne des pompiers.

(Simocal a été mise en liquidation judiciaire en février 2014 entraînant 16 licenciements).

La communauté de communes des Crêtes Préardennaises en a réhabilité, puis loué une autre partie.

Les entreprises sont les suivants :

- Eco-territoires

- Atelier-Paysage : ingénierie du paysage, de la conception à la réalisation (Noémie Petit)

- Contrôle technique automobile

- Fabrique de sujets de manèges : ADMC (Application Design des Matériaux Composites)

- Insémination artificielle : CIA Gènes Diffusion


Base de la cheminée dans l'entrée de bureaux

Conditions et évolution du travail des enfants dans les filatures

L’enquête menée par décret du 25 mai 1848 sur le travail agricole et industriel fait ressortir des conditions de travail dans les filatures de Signy et de la région plus que difficiles : ouvriers mal payés, sans caisse de prévoyance la plupart du temps, avec un travail de nuit imposé. Les enfants commencent à travailler avec leurs parents dès l’âge de 7-8 ans.

A propos de l’instruction publique, cette enquête note : « l’instruction des travailleurs est presque nulle, ils entrent fort jeunes dans les ateliers où ils contractent des habitudes qui les éloignent du goût de travail des écoles. » Avaient-ils d’autres choix ?

Par rapport à l’instruction religieuse, il est noté « l’éducation morale et religieuse laisse à désirer, cependant les atteintes à la propriété sont rares. »….


Ci-dessous : Graphique d’après l’article sur  « Les filatures de la Vaux » dans « Terres Ardennaises » n°6-avril 1984.

Travail des enfants en nombres

Travail des enfants en pourcentages

Peu à peu les familles prennent conscience de l’utilité de l’école et du progrès social qu’elle engendre. C’est ainsi une meilleure scolarisation qui explique la baisse progressive du nombre de jeunes enfants ouvriers.